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Insee Flash Nouvelle-Aquitaine · Octobre 2022 · n° 79
Insee Flash Nouvelle-Aquitaine4 travailleurs sur 10 dans les métiers « essentiels du quotidien » en Nouvelle-Aquitaine

Sabrina Gueddar, Géraldine Labarthe (Insee)

Personnels hospitaliers, caissiers, ouvriers de la logistique, aides à domicile, enseignants... 1 024 000 travailleurs, soit 43 % des actifs en emploi, exercent des métiers « essentiels du quotidien » pour subvenir aux besoins journaliers de la population de Nouvelle-Aquitaine. Ce sont en majorité des femmes, notamment dans les postes de premières lignes et les services publics du quotidien. Par rapport aux autres travailleurs, les « essentiels du quotidien » sont davantage en contrat à durée déterminée ou à temps partiel.

Insee Flash Nouvelle-Aquitaine
No 79
Paru le :Paru le20/10/2022

La moitié des travailleurs « essentiels du quotidien » sont des travailleurs de premières lignes

En Nouvelle-Aquitaine, 1 023 900  des 6 millions d’habitants (figure 1). Ainsi, dans la région, ces travailleurs essentiels du quotidien rassemblent 43 % des actifs occupant un emploi. Cela représente une part plus importante qu’au niveau national (40 %), situation imputable au poids de l’Île-de-France dans l’agrégat national, la région capitale étant caractérisée par la surreprésentation de sièges sociaux, ministères et grands établissements qui en emploient peu.

Figure 1Les travailleurs « essentiels du quotidien » en Nouvelle-Aquitaine

Les travailleurs « essentiels du quotidien » en Nouvelle-Aquitaine
Catégorie d’actifs occupés Sous-groupes essentiels Exemples Effectifs
Travailleurs essentiels Premières lignes ou travailleurs clés Santé, alimentation, nettoyage, livraison, sécurité… 507 380
Relais des premières lignes  Banque, information, emballage, réseau, logistique… 311 060
Services publics du quotidien Enseignement, petite enfance, animation… 205 460
Autres actifs occupés 1 349 800
  • Source : Insee, recensement de la population 2018.

Figure 1Les travailleurs « essentiels du quotidien » en Nouvelle-Aquitaine

  • Source : Insee, recensement de la population 2018.

Sur dix travailleurs « essentiels du quotidien », cinq sont des travailleurs clés ou de premières lignes car ils ont poursuivi leur activité sur site pendant le premier confinement entre mars et mai 2020. En contact direct avec le public, ils subviennent aux besoins du quotidien (santé, alimentation, produits de première nécessité, sécurité, gestion des déchets, etc.). Par ailleurs, trois sont des travailleurs « relais des premières lignes » : ils exercent dans le secteur bancaire, comptable, de l’information, dans l’agriculture, la logistique (transports, etc.), l’entretien et réparations diverses, permettant ainsi aux travailleurs de premières lignes de pouvoir exercer leurs missions. Enfin, deux travailleurs essentiels sur dix assurent les services publics du quotidien dont le report serait préjudiciable à la population (enseignement, assistantes sociales, puéricultrices, éducateurs, animateurs, etc.).

En Nouvelle-Aquitaine, les travailleurs « essentiels du quotidien » sont davantage des employés (35 % contre 24 % pour les autres actifs occupés), surtout en premières lignes et dans les services publics du quotidien. À l’inverse, ils sont moins souvent des ouvriers (18 % contre 24 %) ou des cadres (12 % contre 16 %). Néanmoins, les ouvriers constituent autour de 23 % des effectifs des travailleurs de premières lignes et des relais ; quant aux cadres, ils représentent 21 % des travailleurs essentiels au sein des services publics du quotidien.

Six travailleurs « essentiels du quotidien » sur dix sont des femmes

En Nouvelle-Aquitaine, comme en France métropolitaine, les travailleurs « essentiels du quotidien » sont majoritairement des femmes : 56 % contre 43 % pour les autres actifs occupés (figure 2). Les postes de premières lignes et des services publics du quotidien sont encore plus féminisés. En effet, ils recouvrent beaucoup d’activités assurées surtout par des femmes, comme le soin, le ménage ou encore la garde d’enfants dans les services publics.

À l’inverse, les travailleurs relais des « premières lignes » sont plus souvent des hommes, du fait de métiers dans la logistique, les transports, l’agriculture ou l’élevage.

Figure 2Quelques caractéristiques des travailleurs essentiels en Nouvelle-Aquitaine

(en %)
Quelques caractéristiques des travailleurs essentiels en Nouvelle-Aquitaine ((en %)) - Lecture : 56 % des travailleurs essentiels sont des femmes. Parmi ces travailleurs, la part des femmes est de 62 % parmi les travailleurs de premières lignes, 34 % parmi les relais des premières lignes et 77 % parmi les travailleurs des services publics du quotidien. Hors travailleurs essentiels, 43 % des actifs occupés sont des femmes.
Ensemble des travailleurs essentiels Premières lignes Relais des premières lignes Services publics du quotidien Autres actifs occupés
Femmes 56 62 34 77 43
Temps partiel 20 23 11 23 15
Cadres 12 7 13 21 16
Employés 35 47 18 30 24
Ouvriers 18 23 22 0 24
CDI 71 73 59 82 72
Non-salariés 15 12 30 0 14
Contrats courts 13 13 9 17 11
  • Lecture : 56 % des travailleurs essentiels sont des femmes. Parmi ces travailleurs, la part des femmes est de 62 % parmi les travailleurs de premières lignes, 34 % parmi les relais des premières lignes et 77 % parmi les travailleurs des services publics du quotidien. Hors travailleurs essentiels, 43 % des actifs occupés sont des femmes.
  • Source : Insee, recensement de la population 2018.

Figure 2Quelques caractéristiques des travailleurs essentiels en Nouvelle-Aquitaine

  • Lecture : 56 % des travailleurs essentiels sont des femmes. Parmi ces travailleurs, la part des femmes est de 62 % parmi les travailleurs de premières lignes, 34 % parmi les relais des premières lignes et 77 % parmi les travailleurs des services publics du quotidien. Hors travailleurs essentiels, 43 % des actifs occupés sont des femmes.
  • Source : Insee, recensement de la population 2018.

Davantage de contrats courts pour les travailleurs essentiels

En Nouvelle-Aquitaine, les travailleurs essentiels sont plus souvent en contrat court que les autres (13 % contre 11 %). En particulier, 10 % travaillent dans le cadre de CDD, contrats vacataires ou saisonniers. Cette part est encore plus marquée parmi les travailleurs essentiels qui exercent dans les services publics du quotidien (15 %).

Par ailleurs, 71 % des travailleurs essentiels du quotidien sont en CDI (72 % pour les autres actifs occupés). Néanmoins, le CDI ne garantit pas un salaire complet : 18 % des travailleurs essentiels en CDI sont à temps partiel, notamment les travailleurs de premières lignes (22 %).

D’ailleurs, tout type de contrat confondu, les travailleurs essentiels exercent davantage à temps partiel que les autres (20 % contre 15 % des autres actifs occupés de la région). C’est surtout le cas parmi les « premières lignes » et ceux qui travaillent dans les services publics du quotidien. Au moins la moitié d’entre eux sont à temps partiel, comme les caissiers, les aides à domicile, les animateurs socioculturels et de loisirs. Les femmes y sont d’ailleurs deux à trois fois plus concernées par le temps partiel que les hommes.

Enfin, 15 % des travailleurs essentiels du quotidien sont non salariés, 9 % parce qu’ils sont indépendants et 6 % parce qu’ils sont employeurs. C’est particulièrement le cas parmi les relais des « premières lignes » (agriculteurs, exploitants, éleveurs ou artisans).

En Creuse, plus de la moitié des emplois sont essentiels

La répartition géographique des emplois essentiels du quotidien est cohérente avec celle de la population sur l’ensemble de la région. Ainsi, 26 % de ces emplois sont en Gironde, département abritant 27 % des Néo-Aquitains.

Toutefois, selon les départements, les travailleurs essentiels du quotidien n’ont pas le même poids dans l’emploi local. Ainsi, ils représentent plus de la moitié des emplois en Creuse, alors qu’ils ne constituent que quatre emplois sur dix en Gironde. En effet, la population de la Creuse est âgée, ce qui nécessite des services à la personne et plus de recours aux soins. Ce département compte peu de grands établissements ou sièges sociaux, à l’opposé de la Gironde.

46 % des « essentiels du quotidien » qui travaillent dans un pôle urbain

Si plus de la moitié des emplois essentiels sont localisés dans les , seulement un tiers des travailleurs y résident (figure 3). A contrario, la moitié des travailleurs essentiels habitent en périphérie, où ne sont situés qu’un tiers des emplois essentiels. Cette inadéquation entre le lieu de résidence des travailleurs et leur lieu de travail s’observe pour les autres travailleurs dans les mêmes ordres de grandeur.

Parmi les travailleurs « essentiels du quotidien » exerçant dans un pôle urbain, 46 % n’y habitent pas. Cette part atteint 51 % pour les ouvriers, contre 38 % pour les cadres ou 49 % pour les professions intermédiaires.

Figure 3Répartition des emplois et des travailleurs essentiels selon les

(en %)
Répartition des emplois et des travailleurs essentiels selon les ((en %))
Lieux des emplois essentiels Lieux de vie des travailleurs essentiels
Pôles 54 35
Communes de la couronne 35 52
Hors attraction des villes 11 13
  • Source : Insee, recensement de la population 2018.

Figure 3Répartition des emplois et des travailleurs essentiels selon les

  • Source : Insee, recensement de la population 2018.
Publication rédigée par :Sabrina Gueddar, Géraldine Labarthe (Insee)

Définitions

Travailleurs essentiels du quotidien

La crise sanitaire et l’arrêt de l’économie qui en a découlé ont mis sur le devant de la scène des travailleurs dits de « premières lignes » qui inclut les métiers de l’urgence et les métiers assurant les besoins vitaux du quotidien : santé, alimentation, transport et sécurité notamment.

Les « relais des premières lignes » correspondent aux professions contribuant au bon fonctionnement et à la réalisation des missions des « premières lignes » et relèvent souvent des mêmes secteurs que ces dernières. S’y ajoutent d’autres fonctions clés telles que la logistique, l’information ou le secteur bancaire.

Les « métiers des services publics du quotidien » assurent des missions de service à la population, indépendamment de la situation de crise sanitaire. Il s’agit des services publics de l’enfance et de l’éducation, du social et du sport.

L’ensemble des actifs de ces trois groupes sont dénommés travailleurs « essentiels du quotidien ».

Quelques exemples de professions « essentielles du quotidien » (liste non exhaustive) :

  • « Premières lignes » : professions hospitalières (médecins, infirmiers, aides-soignants, ambulanciers), livreurs et coursiers, agents de propreté, aides à domicile et auxiliaires de vie, caissiers et vendeurs des commerces essentiels, boulangers, agents de police, éboueurs...
  • « Relais des premières lignes » : ouvriers de la logistique (caristes, manutentionnaires, magasiniers, ouvriers de l’emballage), officiers des forces de l’ordre, ingénieurs dans les secteurs d’activité des « premières lignes », professions intermédiaires de La Poste, journalistes...
  • « Services publics du quotidien » : métiers de l’éducation (enseignants des premier et second degrés, surveillants et aides-éducateurs scolaires), professionnels du social de proximité (assistants de service social, puéricultrices, éducateurs, animateurs)...

Un pôle urbain est déterminé principalement à partir de critères de densité et de population totale, suivant une méthodologie cohérente avec celle de la grille communale de densité. Un seuil d’emplois est ajouté de façon à éviter que des communes essentiellement résidentielles, comportant peu d’emplois, soient considérées comme des pôles.

Une aire d’attraction des villes définit l’étendue de son influence sur les communes environnantes. Une aire est un ensemble de communes, d’un seul tenant et sans enclave, constitué d’un pôle de population et d’emploi, et d’une couronne qui regroupe les communes dont au moins 15 % des actifs travaillent dans le pôle. La commune la plus peuplée du pôle est appelée commune-centre.

Pour en savoir plus

Acs M., Chevrot J., Beaufils S., Davy A-C., Leroi P., Arènes J.-F., Wolf M., Telle-Lamberton M., « Où habitent les 1,9 million d’actifs « essentiels du quotidien » qui travaillent en île-de-France ? », Insee Analyses Île-de-France n° 138, juillet 2021.

Acs M., Arènes J.-F., Beaufils S., Chevrot J., Davy A.-C., Leroi P., Telle-Lamberton M., Wolf M., « Quelles conditions de travail et de vie pour les 1,8 million de travailleurs « essentiels du quotidien » résidant en Île-de-France ? », Insee Analyses Île-de-France n° 137, juin 2021.

Bodeau G., Kempf N., « Confinement du printemps 2020 : quatre Néo-Aquitains sur dix pratiquent le télétravail », Insee Flash Nouvelle-Aquitaine n° 73, février 2022.