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Insee Focus · Juin 2022 · n° 269
Insee FocusEn 2020, la crise sanitaire a freiné les dépenses de l’industrie pour protéger l’environnement

Tony Vuillemin (Insee)

En 2020, les établissements industriels de 20 salariés ou plus ont consacré 1,6 milliard d’euros à des investissements ou des études pour protéger l’environnement, soit 5 % de moins qu’en 2019, après une hausse de 22 % entre 2017 et 2019. 20 % des établissements disent ne pas avoir pu réaliser certains investissements ou études en raison de la crise sanitaire, tandis que 2 % ont profité de la crise sanitaire pour en engager de nouveaux. Parmi les projets non réalisés, 15 % sont abandonnés.

La majorité des secteurs ont ralenti leurs dépenses pour la protection de l’environnement en 2020 ; la baisse des dépenses est particulièrement marquée dans le secteur de l’énergie (− 17 %) après une forte augmentation en 2019 (+ 44 %). En revanche, dans l’agroalimentaire et les industries chimiques et pharmaceutiques, ce type d’investissement augmente sensiblement.

Insee Focus
No 269
Paru le :Paru le23/06/2022
En 2020, la crise sanitaire a freiné les dépenses de l’industrie pour protéger l’environnement
Publication rédigée par :Tony Vuillemin (Insee)

Après deux années de hausse, les dépenses d’investissement et d’étude pour protéger l’environnement diminuent

En 2020, 36 % des établissements industriels employant 20 salariés ou plus ont réalisé des investissements ou des études pour protéger l’environnement. Ils y ont consacré 1,6 milliard d’euros (– 5 % par rapport à 2019, après + 22 % entre 2017 et 2019). Ces dépenses sont plus fréquentes dans les grands établissements : 82 % des établissements de 500 salariés ou plus ont engagé des dépenses antipollution, contre 25 % des établissements de 20 à 49 salariés. Alors qu’ils représentent moins de 3 % des établissements, les grands établissements concentrent 30 % des dépenses.

Les investissements constituent l’essentiel de la dépense (82 %, soit 1,3 milliard d’euros, figure 1). Ils diminuent légèrement en 2020 (– 3 %), du fait essentiellement de la baisse du nombre d’établissements ayant réalisé de tels investissements (– 7 % entre 2019 et 2020). Néanmoins, le montant moyen engagé par les établissements investissant dans la protection de l’environnement augmente de 3 % en 2020 et atteint 198 000 euros.

Figure 1 – Dépenses de protection de l’environnement depuis 2000

en millions d’euros
Figure 1 – Dépenses de protection de l’environnement depuis 2000 (en millions d’euros) - Lecture : en 2020, les établissements industriels ont investi 1,292 milliard d’euros pour protéger l’environnement.
Année Investissements antipollution Études antipollution
2000 1 354 151
2001 1 447 191
2002 1 323 298
2003 1 303 311
2004 1 269 378
2005 1 478 280
2006 1 522 288
2007 1 472 259
2008 1 562 263
2009 1 458 325
2010 1 330 284
2011 1 278 324
2012 1 401 319
2013 1 399 269
2014 1 360 266
2015 1 337 267
2016 1 111 279
2017 1 074 289
2018 1 185 331
2019 1 327 338
2020 1 292 288
  • Lecture : en 2020, les établissements industriels ont investi 1,292 milliard d’euros pour protéger l’environnement.
  • Champ : France, industries extractive et manufacturière (y compris artisanat commercial) et énergie, établissements de 20 salariés ou plus.
  • Sources : Insee, SSP, enquête sur les investissements pour protéger l'environnement (Antipol).

Figure 1 – Dépenses de protection de l’environnement depuis 2000

  • Lecture : en 2020, les établissements industriels ont investi 1,292 milliard d’euros pour protéger l’environnement.
  • Champ : France, industries extractive et manufacturière (y compris artisanat commercial) et énergie, établissements de 20 salariés ou plus.
  • Sources : Insee, SSP, enquête sur les investissements pour protéger l'environnement (Antipol).

Les montants consacrés aux études baissent de manière plus significative : − 15 %. Ils représentent 18 % des dépenses et atteignent 288 millions d’euros. Les études en prévision d’un investissement baissent fortement (– 24 %, 130 millions d’euros en 2020, figure 2). Le montant alloué aux autres études – réglementaires, impact de l’activité sur l’environnement, audits et dossiers d’installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE) – diminuent de 5 % (159 millions d’euros).

Figure 2 – Dépenses de l'industrie en faveur de l'environnement en 2020

en millions d'euros
Figure 2 – Dépenses de l'industrie en faveur de l'environnement en 2020 (en millions d'euros) - Lecture : en 2020, le secteur de la métallurgie et des produits métalliques a dépensé 123 millions d’euros en investissements et études en faveur de l’environnement.
Secteur Investissements
pour protéger
l'environnement
Études Ensemble
Spécifiques1 Intégrés1 Ensemble En vue d'un investis-sement Autres études Ensemble
Énergie (production et distribution d'électricité, de gaz, de vapeur et d'air conditionné) 377 37 414 34 100 134 548
Industries agroalimentaires 209 72 281 14 10 24 305
Industrie chimique 124 8 132 27 9 36 167
Métallurgie et produits métalliques 78 26 104 13 6 19 123
Industrie des produits minéraux 39 12 50 7 3 10 60
Bois et papier 53 7 60 4 2 7 67
Pharmacie 50 10 60 3 2 5 65
Production de combustibles et de carburants 12 2 13 2 1 3 16
Autres industries 139 39 178 25 26 51 229
Ensemble 1 080 212 1 292 130 159 288 1 581
  • 1. Voir définitions.
  • Lecture : en 2020, le secteur de la métallurgie et des produits métalliques a dépensé 123 millions d’euros en investissements et études en faveur de l’environnement.
  • Champ : France, industries extractive et manufacturière (y compris artisanat commercial) et énergie, établissements de 20 salariés ou plus.
  • Source : Insee, enquête sur les investissements pour protéger l'environnement (Antipol).

La crise sanitaire a freiné les investissements

La crise sanitaire liée à l'épidémie de Covid-19 a pesé sur la décision des établissements de mener des études ou des investissements pour limiter leurs impacts sur l’environnement. En effet, 20 % des établissements indiquent ne pas avoir pu réaliser certains investissements ou études en raison de la crise sanitaire. Parmi les projets non réalisés, la grande majorité (85 %) sont décalés dans le temps et replanifiés dans les années à venir. Les 15 % restants sont abandonnés. Les établissements des secteurs d’activité fortement touchés par la crise sanitaire sont les plus pessimistes. En particulier, les établissements de la métallurgie, secteur industriel dont l’activité a le plus baissé en 2020 (− 17 %, évolution de l’indice de production industrielle) estiment que plus d’un quart des projets initialement prévus ne pourront pas être réalisés. À l’inverse, 2 % des établissements ont profité de la crise sanitaire pour engager de nouvelles dépenses pour protéger l’environnement.

Les dépenses augmentent dans l’agroalimentaire, la chimie et la pharmacie

Quatre secteurs concentrent les trois quarts des dépenses engagées (investissements et études) : l’énergie (548 millions d’euros), l’agroalimentaire (305 millions d’euros), la chimie (167 millions d’euros) et la métallurgie-produits métalliques (123 millions d’euros, figure 3). La majorité des secteurs diminuent leurs dépenses pour la protection de l’environnement en 2020, en particulier le secteur de l’énergie (− 17 %, après + 44 % entre 2018 et 2019).

À l’inverse, les montants investis par l’agroalimentaire augmentent pour la troisième année consécutive (+ 23 % par rapport à 2019, et + 64 % par rapport à 2017), notamment pour la réalisation d’études réglementaires. Les établissements mentionnent la nécessité d’études et d’investissements pour obtenir des normes ISO (International Organization for Standardization) qui témoignent de pratiques de production plus respectueuses de l’environnement. Les dépenses augmentent également dans le secteur chimique (+ 14 % par rapport à 2019). Néanmoins, pour ce secteur d’activité, le niveau de dépenses pour protéger l’environnement a été divisé par deux entre 2013 et 2020. Les dépenses progressent également dans l’industrie pharmaceutique en 2020 (+ 22 % par rapport à 2019). Dans ce secteur, 92 % des dépenses engagés (60 millions) sont des investissements. En particulier, les investissements dans du matériel de recyclage et permettant une meilleure gestion des déchets a été multiplié par 20 entre 2019 et 2020.

Figure 3 – Dépenses de l'industrie en faveur de l'environnement par secteur depuis 2013

en millions d’euros
Figure 3 – Dépenses de l'industrie en faveur de l'environnement par secteur depuis 2013 (en millions d’euros) - Lecture : en 2020, les établissements de l’industrie chimique ont dépensé 167 millions d’euros pour lutter contre la pollution.
Secteur 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
Énergie 463 455 391 397 423 458 660 548
Industries agroalimentaires 213 255 260 219 186 218 248 305
Industrie chimique 326 250 215 206 210 253 146 167
Métallurgie et produits métalliques 203 199 275 133 98 114 131 123
  • Lecture : en 2020, les établissements de l’industrie chimique ont dépensé 167 millions d’euros pour lutter contre la pollution.
  • Champ : France, industries extractive et manufacturière (y compris artisanat commercial) et énergie, établissements de 20 salariés ou plus.
  • Source : Insee, enquête sur les investissements pour protéger l'environnement (Antipol).

Figure 3 – Dépenses de l'industrie en faveur de l'environnement par secteur depuis 2013

  • Lecture : en 2020, les établissements de l’industrie chimique ont dépensé 167 millions d’euros pour lutter contre la pollution.
  • Champ : France, industries extractive et manufacturière (y compris artisanat commercial) et énergie, établissements de 20 salariés ou plus.
  • Source : Insee, enquête sur les investissements pour protéger l'environnement (Antipol).

La moitié des investissements visent à protéger l’air ou le climat

En 2020, la moitié des investissements antipollution visent à éviter ou à limiter les émissions de gaz à effet de serre (407 millions d’euros) ou à mieux protéger la qualité de l’air (233 millions d’euros, figure 4). Les investissements pour limiter les gaz à effet de serre ont plus que triplé en trois ans : ils ne représentaient que 119 millions d’euros en 2017. Depuis 2019, la loi « énergie et climat » oblige les entreprises de plus de 500 salariés à établir un bilan de leurs émissions de gaz à effet de serre et un plan d’action pour réduire leurs émissions. Les montants d’investissement dans les autres domaines (déchets, préservation des sols, eaux usées, etc.) diminuent tous en 2020.

Figure 4 – Investissements antipollution par domaine en 2020

en millions d'euros
Figure 4 – Investissements antipollution par domaine en 2020 (en millions d'euros) - Lecture : en 2020, les établissements industriels ont investi 407 millions d’euros pour limiter les émissions de gaz à effet de serre.
Domaine Investissements
Limitation des gaz à effet de serre 407
Protection de l'air 233
Eaux usées 194
Sites, paysages et biodiversité 142
Sols, eaux souterraines et de surface 139
Déchets hors radioactifs 90
Bruit et vibrations 24
Autres 63
Ensemble 1 292
  • Lecture : en 2020, les établissements industriels ont investi 407 millions d’euros pour limiter les émissions de gaz à effet de serre.
  • Champ : France, industries extractive et manufacturière (y compris artisanat commercial) et énergie, établissements de 20 salariés ou plus.
  • Source : Insee, enquête sur les investissements pour protéger l'environnement (Antipol).

Figure 4 – Investissements antipollution par domaine en 2020

  • Lecture : en 2020, les établissements industriels ont investi 407 millions d’euros pour limiter les émissions de gaz à effet de serre.
  • Champ : France, industries extractive et manufacturière (y compris artisanat commercial) et énergie, établissements de 20 salariés ou plus.
  • Source : Insee, enquête sur les investissements pour protéger l'environnement (Antipol).

La majorité des investissements spécifiques sont destinés à traiter la pollution plutôt qu’à la prévenir

En 2020, les , c’est-à-dire l’achat de matériels entièrement dédiés à la protection de l’environnement, représentent 84 % des montants investis. Un quart des établissements a réalisé un investissement de cette nature. La moitié des investissements spécifiques (545 millions d’euros, figure 5) sont destinés au prétraitement, au traitement ou à l’élimination de la pollution : ils ont pour objectif de réduire l’impact négatif de l’activité des entreprises sur l’environnement. Par ailleurs, 36 % de ces investissements (394 millions d’euros) ont pour objet de prévenir les pollutions, ce qui traduit une volonté des entreprises d’agir en amont du processus de production. Les investissements spécifiques diminuent de 8 % en 2020.

Figure 5 – Investissements spécifiques1 pour protéger l’environnement par nature en 2020

en millions d'euros
Figure 5 – Investissements spécifiques1 pour protéger l’environnement par nature en 2020 (en millions d'euros) - Lecture : en 2020, les établissements industriels ont investi 394 millions d’euros dans la prévention de la pollution.
Nature Investissements
Prétraitement, traitement et élimination de la pollution 545
Prévention de la pollution 394
Recyclage, tri, valorisation 92
Mesure et contrôle 49
Ensemble 1 080
  • 1. Achats de matériels entièrement dédiés à la protection de l’environnement.
  • Lecture : en 2020, les établissements industriels ont investi 394 millions d’euros dans la prévention de la pollution.
  • Champ : France, industries extractive et manufacturière (y compris artisanat commercial) et énergie, établissements de 20 salariés ou plus.
  • Source : Insee, enquête sur les investissements pour protéger l'environnement (Antipol).

Figure 5 – Investissements spécifiques1 pour protéger l’environnement par nature en 2020

  • 1. Achats de matériels entièrement dédiés à la protection de l’environnement.
  • Lecture : en 2020, les établissements industriels ont investi 394 millions d’euros dans la prévention de la pollution.
  • Champ : France, industries extractive et manufacturière (y compris artisanat commercial) et énergie, établissements de 20 salariés ou plus.
  • Source : Insee, enquête sur les investissements pour protéger l'environnement (Antipol).

Les investissements intégrés augmentent de 33 %

Les représentent, quant à eux, 16 % des investissements. Ils correspondent aux surcoûts liés à l’intégration dans l’outil de production de produits ou procédés moins polluants que ceux disponibles de manière standard sur le marché. Un établissement sur dix a réalisé un investissement intégré, une proportion proche de celle de 2019. Ces investissements augmentent fortement en 2020 (+ 33 %). Les niveaux d’investissements s’accroissent particulièrement dans le domaine de la préservation des sols (+ 131 %) et de la gestion des déchets (+ 98 %).

Publication rédigée par :Tony Vuillemin (Insee)
Publication rédigée par :Tony Vuillemin (Insee)

Sources

Les données sont issues de l’enquête annuelle sur les investissements pour protéger l’environnement (Antipol). Celle-ci porte sur les études pour protéger l’environnement (en prévision d’un investissement, réglementaires ou d’impact), sur les investissements dans des matériels entièrement dédiés à la protection de l’environnement, ainsi que dans des achats d’équipements de production plus performants en matière environnementale. Les investissements de renouvellement des équipements qui ne sont pas dédiés à lutter contre la pollution et qui n’ont pas de meilleures caractéristiques environnementales que les équipements standards du marché ne font pas partie du champ de l’enquête. Tous les trois ans, les établissements sont également interrogés sur les dépenses courantes pour protéger l’environnement (taxes, frais de fonctionnement, coûts internes, etc.). L’enquête couvre les établissements de 20 salariés ou plus, implantés en France, appartenant aux secteurs des industries extractive, manufacturière et de la production et distribution d’électricité, de gaz, de vapeur et d’air conditionné (divisions 05 à 35 de la NAF rév. 2).

Définitions

Les investissements spécifiques sont des investissements entièrement dédiés à la protection de l’environnement. Ces investissements sont des éléments distincts et identifiables qui s’ajoutent à l’équipement de production existant ayant un rôle préventif (prévention de la pollution) ou curatif (équipements en fin de cycle). Ces investissements visent à limiter la pollution dans les différents domaines environnementaux. Il s’agit par exemple de matériel de mesure des polluants, de filtres, de décanteurs, de bennes, de bacs de rétention, etc.

Les investissements intégrés sont des investissements procurant des performances environnementales supérieures au standard du marché. Les investissements intégrés correspondent au surcoût de dépenses engendré par le choix, lors du renouvellement d’un matériel de production, d’un équipement plus performant en matière environnementale qu’un autre disponible sur le marché.

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